La richesse du Bujutsu est de nature à permettre à chacun d’y puiser ce dont il a besoin pour devenir adulte. Il permet d’abord un développement psychomoteur complet par une juste perception du corps et de ses rythmes entre le temps et l’espace (distance, direction). Il permet tout au long de l’apprentissage un développement corporel harmonieux par l’amélioration des qualités physiques : détente, souplesse, puissance, endurance…
Les arts martiaux permettent une meilleure connaissance et acceptation de soi par un ajustement plus précis de la conduite et un plus grand contrôle de l’émotivité. Nous prônons l’apprentissage du mouvement juste. Nous attachons de l’importance au fait que le pratiquant comprenne ce qu’il fait. Qu’il sache pourquoi il convient d’exécuter tel ou tel mouvement, pourquoi celui-ci sera rationnel et efficace s’il est exécuté correctement…
Les arts martiaux sont aujourd’hui considérés comme des « sports comme les autres ». Judo, jiu-jitsu, karaté-do ou encore taekwondo sont des disciplines dans lesquelles certains pays ou athlètes connaissent des succès considérables et participent de fait à l’expansion de leur sport, et les succès de l’organisation de nouveaux championnats et compétitions chaque année en attestent.
Aussi nous ne participons ni n’organisons aucune compétition. La notion de compétition sous-entend en effet règlements, arbitrage et interdictions. Et c’est d’avec cette logique que l’enseignement d’une discipline martiale véritable telle que la nôtre, se doit de prendre ses distances. Un conditionnement adapté en ce sens est ainsi dispensé au fil des séances.
L’enseignement traditionnel que nous proposons au sein de notre école de Bujutsu est imprégné de paramètres originels qui sont difficilement assimilables aux principes sportifs (modernes) actuels. L’évolution des disciplines martiales en formes sportives que nous connaissons aujourd’hui ne cesse d’amplifier l’écart entre formes sportive et traditionnelle.
Les quelques notions suivantes figurent parmi les fondamentaux de notre programme et finiront de vous convaincre sur les différences, essentielles à nos yeux, entre les approches sportive ou martiale des arts martiaux :
• gestion et utilisation de l’environnement (prise d’information générale…)
• pas obligatoirement un seul adversaire : vigilance périphérique sur l’ensemble des personnes présentes. Ne pas se focaliser sur une/la seule personne, gestion de l’ensemble de l’espace = rester attentif aux mouvements des personnes présentes, potentiellement ‘‘complices’’ dans le cas d’une situation conflictuelle (recoupe la notion de gestion de l’environnement)
• protection des principales zones vitales du corps humain en toute situation (ne pas les exposer)
• arts de l’esquive / toutes les techniques de chutes (contrairement à l’esprit des disciplines sportives, la chute ne symbolise pas la défaite… Maîtrisée, celle-ci peut ainsi être salutaire, la seule / une parmi les solutions pour se sortir d’une situation mal engagée)
• ne jamais oublier que l’agresseur peut être armé : notion capitale à ne jamais oublier (une arme pouvant être dissimulée à différents endroits et sortie à tout moment, notamment si d’aventure l’issue de l’affrontement devait devenir incertaine…)
L’apprentissage du Bujutsu sous-entend de se former à réagir de la façon la moins ‘‘mauvaise’’ à celle la plus adaptée à une situation conflictuelle en utilisant le maximum de son potentiel.
Le but de cet enseignement n’est pas de former des combattants agressifs ou violents, mais bien au contraire de permettre l’apprentissage d’un art martial véritable et d’en transmettre les clés à celles et ceux qui désirent apprendre. Leur permettre ainsi une meilleure connaissance et acceptation de soi par un ajustement plus précis de la conduite ainsi qu’un plus grand contrôle de l’émotivité. De quoi se préparer au mieux à faire face en tant que personne accomplie, à la vie.
Il y a très longtemps aujourd’hui, les guerriers se préparaient au combat « dans son ensemble ». Pas seulement au combat à mains nues, mais également au combat utilisant des armes. Il convenait logiquement de maximiser ses propres chances de victoire ou de survie. En effet, une fois sur les champs de bataille, il valait mieux être préparé à un maximum de situations. Et si l’affrontement démarrait généralement armé (naginata, bo, ken...), l’éventualité (plus que réaliste) était grande que le bujutsuka se retrouve à un moment ou un autre désarmé face à un adversaire (voire plusieurs…) ne l’étant pas, ou bien lui armé et pas son adversaire... Il était par ailleurs fréquent que l’affrontement se termine chacun armé de son tanto (couteau).
C’est pourquoi ces combattants, chargés au départ de la sécurité de villages ou de villes, étaient ainsi formés et préparés au combat, en prenant soin de ne négliger aucune situation (armé, moins bien armé, désarmé face à un/des agresseur(s) armé(s)…). Savoir utiliser n’importe quelle arme (de l’époque) était ainsi une obligation d’autant plus que désarmé, se saisir de n’importe quel type d’arme se trouvant au sol à proximité était monnaie courante sur les champs de bataille.
Malgré les siècles passés, cette logique reste, aujourd’hui encore, toujours autant implacable. Il est en effet fréquent de constater que les agressions s’effectuent à l’aide d’ ‘‘armes’’ telles qu’un bâton, une batte de base-ball, une matraque, une bouteille, un couteau... Situations dans lesquelles, n’avoir aucune notion de pratique des armes (étant armé ou non face à un / des adversaires armés...), vous rendra à coup sûr plus vulnérable, moins prompt à agir au mieux.
Aussi au sein de notre école de Bujutsu, vous l’aurez compris, le travail des armes est indissociable du travail à mains nues et fait partie intégrante du programme. La première arme enseignée est le bo(1) (bâton long d’environ 1,80 m). D’autres armes ‘‘traditionnelles’’ sont étudiées par la suite parallèlement à l’évolution du pratiquant : tonfas(2), tambo, ken(3), tanto(4)… Chacune ayant bien évidemment ses particularités, mais une logique d’utilisation ressortira de l’apprentissage du maniement des armes…